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19 avril 2013 à 10:15

Hommage à notre Président

L’A.S. LUSSAT en deuil

 

 

Hommage à notre Président

 

 Il y a dans la vie des moments que l’on n’est pas préparé à vivre et que l’on ne voudrait pas vivre. Celui-là en est un.

 

     Car aujourd’hui, je suis confronté à la mort. Au vide. Au néant. Nous, les gamins de ma génération, mais aussi de celle d’avant, et de celle d’après, les petits, comme dit affectueusement Madame Chazette, nous avons perdu notre ami et notre maître.

     Comment allons-nous faire maintenant ?

     Cet homme qui répétait souvent, citant le Général de Gaulle, que « la vieillesse est un naufrage », cet homme qui redoutait la vieillesse plus que la mort, cet homme a toujours su rester jeune. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles nous nous sentions bien avec lui et nous lui étions si profondément attachés.

     Nous lui avons toujours voué une grande admiration. Il incarnait naturellement pour nous la droiture, la sincérité, la franchise. Il était un honnête homme, au sens  le plus noble du terme.

     Nous avons tous eu beaucoup de mal à accepter que lui, qui nous paraissait indestructible, puisse être atteint par la maladie. Lui, à l’hygiène de vie exemplaire ! La vie est donc souvent injuste.

 

     Et nous sommes confrontés à la mort. Aujourd’hui, nous sommes tous orphelins. Et pas seulement nous, les petits, pas seulement ses proches, sa vraie famille, ses amis, son entourage, mais aussi tous les membres de son autre famille, de son autre grande famille, celle de ce club de foot qu’il a fondé il y a presque un demi-siècle avec quelques autres passionnés, et dont il a été depuis l’emblématique Président, le phare, sans lequel nous nous serions bien souvent fourvoyés.

     Trouvant toujours les mots justes, qu’il faille féliciter ou hausser le ton, rendre hommage ou re-motiver, sa capacité à faire passer les messages a fait merveille durant ces presque cinquante ans de présidence.  Son aura, son autorité naturelle lui ont permis de fédérer et de faire l’unanimité autour de lui dans toutes les circonstances. Et ce n’est pas faire injure à son successeur de dire que plus rien ne sera jamais comme avant. Car il est de ceux que l’on ne remplace pas. Pour nous tous, c’est plus qu’une page qui se tourne, c’est un livre qui se referme. Définitivement.

 

     Il était bien sûr le plus ancien d’entre nous, et pourtant, paradoxalement, sur bien des aspects, il était le plus jeune, le plus novateur, le plus entreprenant. Les idées nouvelles ne lui manquaient jamais. Et si souvent il était le patron et le maître d’œuvre, il lui arrivait aussi de mettre la main à la pâte.

     Par exemple, un des derniers souvenirs qui m’a marqué personnellement  fut quand il y a quelques années il conçut et réalisa la rénovation des vestiaires du stade, avec son grand ami Jeannot Magnier, trop tôt disparu lui aussi. Pendant plusieurs semaines, ils ont mûri l’idée d’isoler le bâtiment. Ensuite, il est allé chaque jour sur le chantier avec Jeannot et d’autres bénévoles. Mais pas pour superviser les travaux ! A soixante-dix ans passés, il posait les panneaux sur le toit sous le soleil brûlant de la fin du printemps.

 

     Lui qui n’avait jamais pratiqué le football en était passionné et était un fin connaisseur. Sa carrière de dirigeant, d’ailleurs,  ne s’est pas limitée à  Lussat. N’oublions pas qu’il fut Vice-Président du District de Football de la Creuse et Vice-Président de la Commission des Terrains de la Ligue du Centre-Ouest. Mais il était aussi un vrai sportif, un vrai battant qui pratiquait assidûment la natation et la marche.

 

     Lorsqu’il a eu connaissance de sa maladie, il a vite compris que ce dernier match, comme il disait, serait le plus difficile à gagner. Mais il s’est battu avec un courage et une volonté dignes d’admiration et de respect, même s’il connaissait l’issue.

     Il y a quelques jours encore, affaibli par la maladie, il marchait autour de l’Etang des Landes.

    

     Une poétesse a écrit: « Nous exagérons dans l’individu mort les vertus que nous avons méconnues pendant sa vie ».

     Georges Brassens le disait plus clairement quand il chantait : « Les morts sont tous des braves types ».

     C’est souvent vrai ; mais pour vous, Monsieur Chazette, ce n’est pas le cas. Nous n’exagérons rien. Bien sûr, vous aviez des défauts, qui n’en a pas ? Votre sévérité et votre intransigeance pouvaient parfois en impressionner certains, moi le premier d’ailleurs. Mais votre courage, vos convictions, votre intelligence de coeur, votre ouverture d’esprit, votre générosité, nous ne les avons pas inventés, nous les avons connus, nous les avons vécus au quotidien. Et cela, nous, vos amis, nous le garderons toujours au plus profond de nous. Personne ne pourra jamais nous enlever la chance et la fierté que nous avons de vous avoir connu et côtoyé.

 

     Aujourd’hui, nos vies devraient se séparer. Mais il n’en sera jamais rien. Certes, nous ne verrons plus la voiture jaune arriver au stade au début du match, certes, vous ne viendrez plus dans les vestiaires pour nous remettre parfois dans le droit chemin. Mais vous resterez toujours présent dans le cœur de chacun d’entre nous.

     Et, lorsqu’il faudra prendre une décision, nous lèverons vers le ciel nos yeux embués en nous demandant : « Et lui, qu’aurait-il fait ? »

 

     Ce club que vous avez façonné, ce club avec ses joies, ses peines, ses coups de gueule bien sûr, ce club avec cet esprit si particulier qui le caractérise, cet esprit de famille, comme vous disiez, c’est à vous qu’on le doit. C’était votre grande fierté, et c’est à présent notre grande fierté.

     Aujourd’hui, nous sommes réunis autour de vous pour vous dire merci, et, non pas adieu, mais au revoir.

    

     Pierre Teihlard de Chardin écrivait : « La vraie manière de lui rester fidèle doit consister à construire en avant, c'est-à-dire à être digne de lui. »

     Alors bien sûr, comme vous l’auriez souhaité, nous allons continuer votre œuvre. Puissions-nous être dignes de vous…

(Texte lu par Philippe lors des obsèques de Mr. Chazette)

 

Le Président André CHAZETTE et ses joueurs

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